Supervision : affiner sa clinique face au trauma et à l’emprise

Tim T. Stroobandt • 11 juillet 2025

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Quand le doute ne vient plus, le danger commence


J’ai souvent plus confiance dans un professionnel qui doute que dans un professionnel sûr de lui. Non pas par goût de l’indécision, mais parce que le doute clinique est une éthique : il signale une attention, une inquiétude pour l’autre, et surtout une capacité à se laisser traverser sans se perdre.


Mais certains doutes sont vertigineux. Ils surgissent quand la parole de l’autre nous percute au-delà du rôle, quand le trauma entre dans la pièce sans frapper, ou quand la dynamique d’emprise s’installe sans qu’on ait vu le piège se refermer. Dans ces moments, la supervision individuelle ne relève pas du luxe, mais d’un espace vital de subjectivation.


Ce texte n’a pas pour but de décrire la supervision comme un outil de progression professionnelle. Il s’agit ici de témoigner de ce qu’elle permet, quand elle est tenue comme espace éthique, en particulier face à des situations marquées par le trauma, la répétition, ou l’ambivalence relationnelle.

Quand la clinique vacille sous le poids du transfert traumatique


Un praticien peut tenir des années dans un cadre stable, jusqu’au jour où une situation ravive un point non symbolisé : le récit d’un inceste qui résonne trop près, une patiente qui s’effondre comme une sœur disparue, un jeune qui vous insulte comme un père l’a fait. Ce n’est pas une faiblesse. C’est la part humaine du métier. Mais sans lieu pour déposer ce vécu, le praticien s’expose à l’effondrement ou à la suradaptation.


Le trauma a ceci de particulier qu’il court-circuite les repères symboliques, qu’il produit des effets sans toujours passer par la pensée. La supervision devient alors un lieu de reprise, où ce qui n’a pas pu se dire dans l’instant peut être mis en récit, sans danger, sans honte, sans obligation de performance.


Il ne s’agit pas de faire une thérapie du praticien, mais de soutenir sa capacité à penser ce qu’il traverse, pour qu’il puisse à nouveau accompagner sans se confondre, sans se défendre, sans se dissocier (Roussillon, 2008 ; Cifali, 2007).


L’emprise ne prévient pas : elle s’installe dans le lien, en douceur


L’un des angles morts de la clinique contemporaine, c’est la difficulté à penser l’emprise quand elle se glisse dans la relation d’aide elle-même. Un praticien peut être pris dans une dynamique où le lien devient captation, la loyauté, reddition, la présence, empiètement. Ce n’est pas parce qu’on est professionnel qu’on est protégé. L’effet d’emprise est parfois plus difficile à repérer quand il se joue sous couvert de vulnérabilité, dans une relation marquée par la pitié, le sauvetage, ou la peur d’abandonner.


En supervision, j’ai accompagné des praticiens qui ne pouvaient plus poser de cadre, de peur de “faire violence”. D’autres qui se retrouvaient progressivement vidés, parce qu’ils s’étaient mis à répondre à des appels en dehors des séances, à accepter des mails nocturnes, à se justifier sans fin. Dans ces cas, la perte de position clinique est insidieuse : elle ne se repère qu’en creux, dans l’épuisement, dans la perte de désir, dans le sentiment de ne plus savoir ce qu’on fait là.



La supervision permet de désamorcer l’effet hypnotique de l’emprise. De remettre du langage là où la confusion a tout envahi. De redonner au praticien sa place symbolique, non pas au-dessus, mais à distance suffisante pour entendre, sans être happé.


Sortir du silence professionnel : la parole comme boussole clinique

Le plus grand danger dans la clinique du trauma et de l’emprise, ce n’est pas l’intensité émotionnelle. C’est le silence. Le silence institutionnel, le silence entre collègues, mais surtout le silence intérieur du praticien qui ne sait plus à qui dire ce qu’il vit. Qui a peur d’être jugé, disqualifié, vu comme "pas assez solide".


Or c’est précisément quand la honte s’installe dans la pratique que les erreurs deviennent dangereuses. Pas les erreurs techniques : les erreurs éthiques. Celles où l’on se suradapte, où l’on se retire, où l’on fait à la place, où l’on accepte l’inacceptable par fatigue ou loyauté inconsciente.


La supervision est alors un lieu de désenclavement, où l’on peut dire sans devoir prouver, raconter sans devoir se défendre. Elle devient un espace de symbolisation partagée, un lieu où le langage reprend ses droits sur ce que l’effroi avait figé (Kaës, 2009).

Superviser, c’est soutenir une éthique de la place


Je ne crois pas à une supervision neutre. Je crois à une supervision située, clinique, impliquée, qui ne confond pas la parole avec l’analyse, ni la posture avec la solution. Dans ce travail, je cherche moins à guider qu’à tenir un espace de mise en tension, de relance, de reprise.


Ce que je repère chez de nombreux professionnels, c’est une confusion entre écoute et fusion, entre empathie et identification, entre soutien et sauvetage. La supervision permet de remettre des distinctions symboliques là où le trauma ou l’emprise ont tout nivelé. Elle aide à retrouver une position clinique qui ne s’épuise pas à vouloir tout porter, ni ne se protège dans l’indifférence.


C’est un travail exigeant, souvent inconfortable. Mais il ouvre des voies : vers une pratique habitée, moins défensive, plus libre. Pas parfaite. Mais juste. Et surtout : vivante.

Conclusion : Tenir bon, ce n’est pas tenir seul


Face à l’emprise, face au trauma, le praticien n’a pas à être héroïque. Il a à être accompagné. Non parce qu’il serait défaillant, mais parce que personne ne peut tenir la complexité du réel sans relais.


Superviser, ce n’est pas évaluer. C’est tenir une parole là où le silence menace, remettre du sens là où le vécu déborde, soutenir une fonction symbolique là où le lien est devenu fusion ou désespoir.



C’est un acte éthique, radicalement humain. Un pari que la parole, même fracturée, peut encore faire tiers, encore faire limite, encore faire soin.


Bibliographie


Cifali, M. (2007). La fonction d’humanité dans les métiers de l’humain. PUF.

Kaës, R. (2009). Le lien d’alliance en psychanalyse. Dunod.

Lévy, A. (2015). L’autorité dans le soin. Erès.

Roussillon, R. (2008). Le travail de l’inconscient dans les institutions. PUF.

Stroobandt, T. (2025). Clinique de l’emprise en milieu professionnel : du silence au symptôme collectif.

Winnicott, D. W. (1971). Jeu et réalité. Gallimard.



par Tim T. Stroobandt 13 juillet 2025
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par Tim T. Stroobandt 13 juillet 2025
Quand le symptôme parle à la place du collectif Il arrive que les symptômes d’un seul révèlent la vérité d’un groupe. Un salarié s’effondre, un autre somatise, un troisième quitte brusquement son poste. Et autour d’eux, le silence. Rien à signaler. Tout fonctionne. Mais ce “tout fonctionne” sonne creux, comme ces façades qui tiennent debout alors que les fondations ont cédé. Dans certaines institutions, l’usure n’est pas due au manque de moyens ou à la surcharge de travail. Elle vient d’ailleurs. D’un lieu plus insidieux, plus diffus, moins visible : l’organisation elle-même devient lieu d’emprise , non parce qu’elle serait explicitement malveillante, mais parce qu’elle empêche toute élaboration du réel. Ce qui ne peut se dire se loge ailleurs — dans les corps, dans les démissions, dans les clivages. Ce que je propose ici, ce n’est pas un traité sur le harcèlement moral ou le management toxique. C’est une tentative de penser l’imperceptible : les formes d’emprise douce, de glissements symboliques, d’effacements progressifs du sujet , au sein même d’environnements dits « bienveillants ». Ce texte s’appuie sur ma pratique de supervision en entreprise et dans le secteur associatif, là où la souffrance ne prend pas toujours le visage qu’on attend.
par Tim T. Stroobandt 11 juillet 2025
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par Tim T. Stroobandt 11 juillet 2025
Comment expliquons-nous les différences relationnelles qui existent au sein des familles ? Comment pouvons-nous approcher et mieux comprendre les dynamiques conflictuelles, polémiques ou violentes constatées dans certains foyers ? Comment se fait-il qu’un enfant, quand bien même physiquement ou moralement violenté, puisse continuer à vouloir arranger, excuser, justifier, supporter ou réparer ses liens avec ses parents ? Beaucoup d’entre nous se sont posé ces questions. Force est de constater que malgré tout, beaucoup s’acharnent à vouloir maintenir à tout prix des liens familiaux, même s’ils sont toxiques, voire délétères , pour ceux qui en souffrent, souvent en silence .
par Tim T. Stroobandt 11 juillet 2025
Le mot "emprise" est bien trop souvent utilisé pour désigner une relation négative : il est alors synonyme d’une chose à éviter, à maudire, à fuir. Osons nous poser la question : est-ce réellement une si mauvaise chose ? Devons-nous à tout prix la diaboliser ? Existe-t-il un équilibre où l’emprise serait indispensable, nécessaire, à la construction d’une relation stable, durable et « idéale », et que dès lors, il ne faudrait se méfier que de sa version pathologique ? Permettez-moi donc de vous guider à travers l’emprise et ses dérives.
par Tim T. Stroobandt 11 juillet 2025
Quand le masque du candidat cache aussi celui du recruteur  Recruter, ce n’est pas seulement évaluer un profil. C’est rencontrer un sujet dans un cadre faussement neutre , où les attentes, les projections et les masques s’enchevêtrent. Derrière les grilles de scoring, les tests de personnalité ou les formulations de type « parlez-moi de vos qualités », il y a un malentendu fondateur : croire qu’on peut décoder un humain comme un algorithme , en niant tout ce qui dans la rencontre résiste à la mesure. La supervision que je propose dans le cadre du recrutement n’est ni un coaching RH, ni un conseil stratégique. Elle s’ancre dans une lecture clinique des processus en jeu , à partir de ce que le recruteur éprouve, saisit, redoute ou néglige — souvent à son insu. Il ne s’agit pas de “débusquer” une pathologie chez le candidat, mais d’ entendre ce qui se joue dans l’interaction , au-delà des apparences maîtrisées. Car c’est souvent dans le détail , dans un silence trop vite comblé, un regard détourné, une réponse figée, que se dit ce qui pourrait, à terme, faire symptôme dans l’équipe .

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