Recruter sans se tromper d’humain : supervision clinique et lecture des entretiens RH

Tim T. Stroobandt • 11 juillet 2025

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Quand le masque du candidat cache aussi celui du recruteur



Recruter, ce n’est pas seulement évaluer un profil. C’est rencontrer un sujet dans un cadre faussement neutre, où les attentes, les projections et les masques s’enchevêtrent. Derrière les grilles de scoring, les tests de personnalité ou les formulations de type « parlez-moi de vos qualités », il y a un malentendu fondateur : croire qu’on peut décoder un humain comme un algorithme, en niant tout ce qui dans la rencontre résiste à la mesure.


La supervision que je propose dans le cadre du recrutement n’est ni un coaching RH, ni un conseil stratégique. Elle s’ancre dans une lecture clinique des processus en jeu, à partir de ce que le recruteur éprouve, saisit, redoute ou néglige — souvent à son insu. Il ne s’agit pas de “débusquer” une pathologie chez le candidat, mais d’entendre ce qui se joue dans l’interaction, au-delà des apparences maîtrisées. Car c’est souvent dans le détail, dans un silence trop vite comblé, un regard détourné, une réponse figée, que se dit ce qui pourrait, à terme, faire symptôme dans l’équipe.

Les outils RH classiques ne protègent pas du Réel


On me demande parfois si je “valide” tel test de personnalité, tel inventaire de motivation, tel outil projectif. Ma réponse est toujours la même : un test ne protège de rien. Il produit des effets, oui — parfois utiles — mais jamais suffisants. Un individu peut cocher toutes les cases d’un “bon profil” tout en portant une structure défensive rigide, ou une tendance relationnelle qui deviendra un impensé collectif quelques mois plus tard.


Les outils RH sont faits pour rassurer, classifier, objectiver. Mais ils échouent face à ce qui dans le lien relève de l’inconscient, du transfert, de la défense ou de la séduction. Dans l’échange entre recruteur et candidat, il n’y a jamais neutralité. Il y a deux subjectivités en présence, des attentes croisées, des narrations stratégiques — et parfois, des impasses.


Comme l’écrit Eiguer (2004), le groupe interne de chacun — ses figures d’attachement, ses conflits anciens, ses loyautés invisibles — se rejoue dans toute nouvelle inscription sociale. Recruter, c’est inviter quelqu’un dans un groupe existant, dans une culture implicite, dans une organisation qui a son propre symptôme.


Observer sans intervenir : une autre manière d’écouter


Je propose deux modalités de supervision dans le cadre du recrutement : soit je mène moi-même l’entretien clinique, à côté du recruteur ; soit j’observe silencieusement, dans une posture de tiers. Dans les deux cas, mon rôle n’est pas d’interroger à la place, mais de permettre une écoute élargie. Je m’intéresse à la structure de la parole du candidat, aux mouvements transférentiels, à l’agencement du récit, aux contradictions, aux zones aveugles.


Ce que je repère, je ne le “traduis” pas en verdict. Je le restitue sous forme d’hypothèses : “Voilà ce que j’ai perçu, voilà ce que cela pourrait produire dans tel type de relation.” Mon objectif n’est pas de démasquer, mais de rendre visible ce qui ne l’était pas encore — sans imposer d’interprétation.


Parfois, je constate que le recruteur a “accroché” sans savoir pourquoi. Ou qu’au contraire, il est en rejet total, sans raison apparente. La supervision permet alors d’interroger les effets projectifs ou identificatoires, y compris ceux du recruteur lui-même. Car un choix RH est rarement purement rationnel. Il est traversé par l’histoire du recruteur, sa propre trajectoire, ses zones de fragilité ou de fascination.


Responsabiliser sans culpabiliser : une posture éthique


Je tiens à ce que ma parole ne prenne jamais le pouvoir sur la décision. Je ne donne pas de feu vert ou de feu rouge. Ce que je propose, c’est une lecture clinique située, nourrie par l’écoute et la rigueur, mais toujours contextualisée. Le recruteur garde la responsabilité finale, mais il la prend en connaissance de cause, avec un degré de lucidité élargi.


Cette posture suppose une certaine confiance. Et aussi une clarté sur les limites : je ne suis pas là pour « protéger » l’entreprise, ni pour garantir la fiabilité d’un choix. Je suis là pour introduire un tiers symbolique dans un espace qui en manque souvent cruellement. Car le recrutement est souvent vécu dans la précipitation, sous pression, ou dans un isolement décisionnel. La supervision offre un espace de ralentissement, où la parole peut circuler autrement, sans enjeu d’évaluation directe.


Lire un candidat, c’est lire aussi une institution


Chaque entretien est une scène. Ce qui s’y joue ne concerne pas seulement le candidat, mais la culture implicite de l’organisation. Une question posée de manière brutale, un silence pesant, un sourire crispé du recruteur… tout cela dit quelque chose de l’ambiance relationnelle au travail.


Je prête donc attention à ce que le cadre de l’entretien révèle de l’institution : les attentes implicites, les rapports de force, les fantasmes de contrôle ou de fusion. Ce que le candidat exprime — ou n’exprime pas — peut faire écho à des positions symboliques déjà occupées dans l’équipe. Par exemple, un profil très structuré peut rassurer une direction désorganisée, mais devenir insupportable dans un collectif horizontal. Un discours séducteur peut flatter l’ego d’un chef de service, mais dérégler toute la dynamique si le pouvoir est déjà en tension.



Comme l’écrit Kaës (2012), les alliances inconscientes au sein d’un groupe peuvent accueillir ou rejeter un nouveau venu selon des logiques qui échappent à la rationalité apparente. Lire ces logiques, sans les figer, fait partie intégrante de la supervision.


Conclusion : Recruter autrement, ce n’est pas psychologiser

— c’est écouter le réel de la relation


Il ne s’agit pas de transformer chaque recrutement en analyse sauvage. Il s’agit de reconnaître que la relation entre un recruteur et un candidat est traversé par des processus complexes, souvent peu pensés. La supervision clinique dans le champ RH n’est pas un luxe. Elle est une nécessité dès lors qu’on accepte que l’humain ne se réduit pas à un profil.


C’est une manière de remettre de l’éthique dans un acte souvent banalisé, de prendre au sérieux ce que chaque embauche engage : une responsabilité relationnelle, une inscription dans un système, un tissage de subjectivités.


C’est aussi une manière de ne pas se tromper de niveau : on peut se tromper de compétence, mais le plus grave, c’est de se tromper d’humain. Et ça, aucune grille ne le dira. Seule une écoute incarnée, située, rigoureuse peut en approcher quelque chose.


Bibliographie


Eiguer, A. (2004). Le groupe intérieur. Dunod.

Kaës, R. (2012). Les alliances inconscientes. Dunod.

Roussillon, R. (2008). Le travail de l’inconscient dans les institutions. PUF.

Stroobandt, T. (2024). Clinique de l’emprise en milieu professionnel : du silence au symptôme collectif.

Winnicott, D. W. (1971). Jeu et réalité. Gallimard.

par Tim T. Stroobandt 13 juillet 2025
Quand l’amour devient piège Pourquoi certaines personnes resteraient-elles enfermées dans une relation qui les détruit ? Pourquoi reviendraient-elles vers un partenaire qui les humilie, les contrôle, voire les agresse ? Ces comportements, qui défient la logique de l’intégrité, ne sont ni des faiblesses ni de simples « mauvais décision ». Ils sont souvent l’aboutissement d’un processus d’apprentissage, comparable à celui d’un animal qui apprend, sans le vouloir, à craindre ou à espérer selon les réactions de l’environnement. Dans cet article, nous proposons de décrypter les mécanismes de conditionnement – classique (Pavlovien) et opérant (Skinnérien) – lorsqu’ils sont mobilisés dans des dynamiques d’emprise pathologique. Il ne s’agit pas de réduire la complexité humaine à des schémas comportementaux, mais d’éclairer comment, au fil des expériences et des réponses de l’environnement, certaines personnes peuvent apprendre à tolérer l’intolérable, supporter l’insupportable, à se résigner, ou à confondre l’attachement avec l’amour. 
par Tim T. Stroobandt 13 juillet 2025
Quand le symptôme parle à la place du collectif Il arrive que les symptômes d’un seul révèlent la vérité d’un groupe. Un salarié s’effondre, un autre somatise, un troisième quitte brusquement son poste. Et autour d’eux, le silence. Rien à signaler. Tout fonctionne. Mais ce “tout fonctionne” sonne creux, comme ces façades qui tiennent debout alors que les fondations ont cédé. Dans certaines institutions, l’usure n’est pas due au manque de moyens ou à la surcharge de travail. Elle vient d’ailleurs. D’un lieu plus insidieux, plus diffus, moins visible : l’organisation elle-même devient lieu d’emprise , non parce qu’elle serait explicitement malveillante, mais parce qu’elle empêche toute élaboration du réel. Ce qui ne peut se dire se loge ailleurs — dans les corps, dans les démissions, dans les clivages. Ce que je propose ici, ce n’est pas un traité sur le harcèlement moral ou le management toxique. C’est une tentative de penser l’imperceptible : les formes d’emprise douce, de glissements symboliques, d’effacements progressifs du sujet , au sein même d’environnements dits « bienveillants ». Ce texte s’appuie sur ma pratique de supervision en entreprise et dans le secteur associatif, là où la souffrance ne prend pas toujours le visage qu’on attend.
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Quand on accompagne les autres, qui nous accompagne ? Dans le flux permanent des consultations, au milieu des agendas surchargés et des responsabilités multiples, une question demeure souvent en suspens : qui prend soin de celui qui prend soin ? Qui écoute celui qui écoute ? La supervision individuelle ne répond pas à cette question par un protocole, mais par une présence, un cadre, un engagement. Elle offre un lieu pour penser ce qui traverse le praticien , sans jugement ni recette, mais avec rigueur et exigence. Superviser, ce n’est pas “corriger” une pratique ou faire passer un examen de compétence. C’est permettre au sujet qui exerce un métier de l’humain de reprendre langue avec son désir, ses limites, ses zones d’ombre, ses convictions . C’est refuser que la clinique se résume à une application de grilles ou de normes. C’est remettre de l’humain là où la fonction tend à éteindre la parole. À rebours des injonctions à l’efficacité et à la maîtrise, l a supervision défend l’idée que le trouble n’est pas un défaut, mais un indicateur précieux — à condition d’en faire quelque chose.
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Tenir quand plus rien ne tient : la supervision comme geste clinique et politique Dans certains contextes associatifs, ce qui vacille n’est pas seulement une organisation ou une équipe. C’est une position subjective, une éthique du soin, un rapport au monde. Là où l’idéal humaniste entre en collision avec les failles réelles du collectif, la supervision s’impose non comme un outil de régulation, mais comme un l ieu de subjectivation face au vacillement institutionnel. Ce vacillement peut être sourd ou criant. Il prend la forme d’une équipe qui se replie, d’un conflit qui dégénère, d’un projet qui échoue sans qu’on sache pourquoi. Mais parfois, il s’impose comme une onde de choc : une révélation d’abus, une trahison de la mission initiale, une atteinte symbolique majeure. Dans ces moments-là, l’institution ne joue plus son rôle de tiers protecteur . Et l’équipe, souvent sans mots, devient le symptôme de cette défaillance. 
par Tim T. Stroobandt 11 juillet 2025
Quand le doute ne vient plus, le danger commence J’ai souvent plus confiance dans un professionnel qui doute que dans un professionnel sûr de lui. Non pas par goût de l’indécision, mais parce que le doute clinique est une éthique : il signale une attention, une inquiétude pour l’autre, et surtout une capacité à se laisser traverser sans se perdre . Mais certains doutes sont vertigineux. Ils surgissent quand la parole de l’autre nous percute au-delà du rôle, quand le trauma entre dans la pièce sans frapper , ou quand la dynamique d’emprise s’installe sans qu’on ait vu le piège se refermer . Dans ces moments, la supervision individuelle ne relève pas du luxe, mais d’un espace vital de subjectivation . Ce texte n’a pas pour but de décrire la supervision comme un outil de progression professionnelle. Il s’agit ici de témoigner de ce qu’elle permet, quand elle est tenue comme espace éthique , en particulier face à des situations marquées par le trauma, la répétition, ou l’ambivalence relationnelle.
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Comment expliquons-nous les différences relationnelles qui existent au sein des familles ? Comment pouvons-nous approcher et mieux comprendre les dynamiques conflictuelles, polémiques ou violentes constatées dans certains foyers ? Comment se fait-il qu’un enfant, quand bien même physiquement ou moralement violenté, puisse continuer à vouloir arranger, excuser, justifier, supporter ou réparer ses liens avec ses parents ? Beaucoup d’entre nous se sont posé ces questions. Force est de constater que malgré tout, beaucoup s’acharnent à vouloir maintenir à tout prix des liens familiaux, même s’ils sont toxiques, voire délétères , pour ceux qui en souffrent, souvent en silence .
par Tim T. Stroobandt 11 juillet 2025
Le mot "emprise" est bien trop souvent utilisé pour désigner une relation négative : il est alors synonyme d’une chose à éviter, à maudire, à fuir. Osons nous poser la question : est-ce réellement une si mauvaise chose ? Devons-nous à tout prix la diaboliser ? Existe-t-il un équilibre où l’emprise serait indispensable, nécessaire, à la construction d’une relation stable, durable et « idéale », et que dès lors, il ne faudrait se méfier que de sa version pathologique ? Permettez-moi donc de vous guider à travers l’emprise et ses dérives.

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